Ambre

Sterenn



Sterenn est la fille de Julian et de Dame Cornaline, duchesse de Seld.
Dame Cornaline, fille du Duc de Seld, contrée privilégiée parmi les premières Ombres d'Ambre, venait régulièrement visiter Ambre avec sa famille, dans le cadre de visites commerciales. Ils étaient logés dans de luxueuses auberges de la ville pour plusieurs jours. Seuls le duc, la duchesse et leurs conseillers (en compagnie d'autres nobles de Seld) passaient leurs journées à négocier les accords commerciaux entre Seld et Ambre.

Cornaline, rousse volcanique, n'était interressée que par les arts. Elle passait tout son temps à peindre, surtout à l'aquarelle. Elle croquait les gens, les paysages, tout ce qu'elle voyait.
Lors d'un de ces voyages, alors qu'elle s'était aventurée jusqu'à la foret d'Arden, pour peindre un coucher de soleil au travers des grands arbres, elle fit la rencontre de Julian.
De sa famille, bien peu surent de qui elle portait l'enfant. Elle se retira dans un petit manoir qui lui avait toujours appartenu, et y éleva sa fille, dans l'amour des arts.

Sterenn montra très tôt de grands talents artistiques, et surtout une immense volonté dans ce domaine. Aucune technique ne lui résistait, sa mémoire quasi photographique lui permettant d'effectuer des travaux magnifiques. Des portraits réalistes aux caricatures, scènes de vie, paysages, natures mortes, art abstrait, elle explorait toutes les facettes de son art avec la plus grande avidité.

De temps en temps, sa mère l'accompagnait jusqu'à Ambre. Lorsqu'elle rencontra son père pour la première fois, elle avait dix ans. Il la posa devant lui sur le dos de son cheval Morgenstern et lui fit faire une longue promenade dans la foret d'arden. Un autre enfant aurait peut-etre été un peu effayé, mais pas Steren. Les grands arbres la fascinaient, le galop puissant de Morgenstern l'enchantait.

Lorsqu'elle eu environ treize ans, Julian lui confia son atout afin qu'elle puisse venir plus souvent. Elle passa alors de longues périodes à découvrir la foret d'Arden, à la connaître, à la dessiner sous tous ses angles.
Elle voyait Julian régulièrement. Celui-ci lui enseigna certaines de ses connaissances sur la foret. mais c'était un père dur et exigeant, plutot froid, qui préférait de loin la chasse à l'art.

Un jour, elle avait environ dix-sept ans, Sterenn peignait à l'huile une vue sur Arden, quand un petit vieux vint regarder par dessus son épaule, et faire des remarques désobligeantes sur son tableau. Ne sachant trop quoi répondre au bossu, elle tenta de jouer l'indifférence, mais il persista, donnant des conseils, jugeant les couleurs... puis il partit aussi vite qu'il était venu.
Quelques jours plus tard, au meme endroit, Sterenn continuait sa toile, quand elle entendit crier. Après quelques minutes de recherches, elle trouva le petit vieux, assis à califourchon sur une branche d'arbre, qui appellait à l'aide.
Amusée, elle alla le chercher (elle avait toujours une corde sur elle) et le descendit. Une fois au sol, il la remercia, puis se dirigea vers le tableau, et saisit un pinceau.
« Je vais t'expliquer quelque chose », lui dit-il.
Sur une feuille blanche, il traça un dessin long et compliqué, un schéma tout en courbes et en volutes, qui parut étrangement familier à Sterenn. Elle savait qu'elle ne l'avait jamais vu, pourtant c'était comme si elle le connaissait depuis toujours.
« Ce dessin peut t'aider à te concentrer pour voir les choses telles qu'elles sont, saisir leur identité profonde, et permettre à ton trait d'etre juste. »
Il la regarda ensuite peindre tout l'après midi, lui donnant un leçon d'art telle qu'elle n'en avait jamais reçue.
Ils se retrouvèrent régulièrement, au même endroit, de nombreux jours de suite. Il lui demanda de peindre sur sa toile non pas le monde tel qu'elle le voyait, mais tel qu'elle avait envie qu'il soit dans ses rèves les plus fous. Elle s'executa, et le petit vieux retoucha lui même la toile, partageant son savoir avec elle.

Le dernier jour, lorsque la toile fut achevée, il lui demanda de la contempler le plus attentivement possible, et de se concentrer sur le schéma qu'il avait dessiné le premier jour. « Le garder à l'esprit éclaircira tes pensées » avait-il dit.
Le tableau semblait prendre de plus en plus de réalité. Elle pouvait presque sentir le souffle d'un vent inconnu sur son visage, quand un brusque poussée dans le dos la précipita en avant. Elle tomba en avant, dans le tableau lui-même.
Lorsqu'elle se retourna, Ambre avait disparut, ainsi que son chevalet et toutes ses affaires. Le bossu apparut derrière elle.
« Voilà. Tout un monde à explorer. Comme c'est toi qui l'a dessiné, il devrait te plaire... C'est mon cadeau, pour te remercier de m'avoir descendu de l'arbre, en quelques sorte. Si tu travailles bien, tu sera capable de faire la même chose avec tous les portraits et paysages que tu verras. Amuse toi bien!! »
Il leva une carte à jouer devant ses yeux : «  Ce format, c'est quand meme plus pratique que ton grand tableau. » sourit-il.
Puis il disparut.

Sterenn fit immédiatement le lien avec l'atout de son père. Le vieux bossu lui avait fait faire un tableau qui avait les mêmes propriétés.
Dorénavant, elle pourrait réaliser des atouts de tous les lieux qu'elle verrait.
Et elle pourrait aussi exlorer celle-ci, dont elle avait tant rêvé.

Cela se passait cinq ans avant la guerre de la Marelle.

Par la suite, elle ne revit jamais le petit vieux.

Sterenn
Sterenn, vue par Léo