Nephilim

Journal d'Yvan

Page rédigée par Pascal

Le journal d'Yvan débute alors que la campagne est déjà bien avancée. Yvan, Rory et Vitek viennent de mener une expédition de sauvetage, qui n'était qu'un piège, dans une base templière, à la Covertoirade. Yvan a décidé de rester un peu dans le Var, Rory est descendue jusqu'à la mer passer quelques jours, et Vitek est rentré Paris, où était restée Cléo, occupée à maintenir sa couverture d'actrice.


Nous sommes le mercredi 19 juin. Je suis au siège de mon organisation dans le Var. Je n'ai aucune nouvelle de ma femme ni des enfants.
Artemus m'appelle par téléphone et me signale que Rory a été victime d'une explosion. Elle se trouve actuellement dans un hôpital occulte. Le diagnostic est réservé car son simulacre est très atteint et elle refuse de le quitter. Son altruisme vis-à-vis des humains risque de lui coûter cher mais cette attitude me plaît évidemment. Sur le corps de son simulacre, une carte de roi de Pique a été laissée. Artemus souhaite que je retrouve les autres chez Vorage plutôt que chez lui. J'appelle les autres, Vitek et Cléo, afin de savoir s'ils ont bien reçu le rendez-vous et ce qu'ils en pensent. Cléo pense qu'il pourrait s'agir des Mystes. J'envisage de revenir précipitamment sur Paris et refait le plein d'équipements divers : gilet pare-balle, matraque électrique, pistolet mitrailleur, arc composé moderne avec 15 flèches normales et 4 flèches explosives dévissables.

Je pars en voiture et file vers le nord. Arrivé dans une ruelle de Paris, une voiture devant moi freine brusquement et j'en entrevois une autre dans mon rétroviseur une autre me coupant ainsi toute retraite. Quatre hommes en sortent et me tirent dessus, mutilant sauvagement ma voiture. J'en sors avant même la fusillade et recule de deux voitures afin d'invoquer « insaisissable » puis « psyché contradictoire » sur deux hommes visibles. Un autre est resté près de leur voiture, le quatrième contourne pour me prendre à revers. Immédiatement les deux hommes visées sont en proie à une confusion telle qu'ils baissent leurs pistolets mitrailleurs et oublient leur mission d'assassin. J'en profite pour m'occuper de l'homme s'approchant par derrière en engageant un corps à corps musclé. Il meurt de façon propre, rapide et sans douleur avant même de s'étaler de tout son long. Une fouille de son blouson et son pantalon, de ses avant-bras ne m'apporte pas le moindre indice sur son appartenance à une quelconque organisation. En m'éloignant des lieux et abandonnant ma voiture, je m'exclamait à pleine voix « bienvenu à Paris ». Il est évident qu'il n'existe aucun moyen me permettant de me soustraire de la surveillance serrée de mes légions ennemis.
Je pensais également à la vengeance d'Helmut et ma mort en bord de Marne. Ma soeur est-elle encore en vie? et Elodie et nos deux jumeaux? Pourquoi ces fils de putes ne réclament-ils pas de rançon?

En partant, je remarque une silhouette m'épiant sans que celle-ci n'ait participer à l'escarmouche. Je décide de vérifier mes soupçons en suivant sa progression par les rétroviseurs des voitures et en me retournant par moment. Je tient mes amis au courant de l'attaque et de cette filature par le biais de mon téléphone que je laisse allumé. Je me dirige désormais non plus vers la demeure de Vorage qu'ils ont quittée mais pour une péniche non loin de là.
Je décide de jouer avec cet imprudent en jetant « ubiquité » puis « silhouette troublante » à partir d'un magasin dans lequel je me suis engouffré. La silhouette en sortant est bien l'originale qui se dirige alors vers la Seine en direction de la péniche. L'imprudent m'emboîte le pas à distance raisonnable quand je décide de le faire suivre par mon double à 10 mètres derrière lui.
Je rentre dans la péniche quand Vitek en sort, feignant de ne pas me connaître. Je me dirige vers Cléo, assise à une table près d'un hublot. Mon double se rapproche de la silhouette d'une femme très mignonne quoique habillée de façon quelque peu excentrique et je pris la parole : « Auriez-vous du feu ? » Elle me répond qu'elle ne fume pas, puis je réplique : « qu'avez-vous à me suivre tout ce temps et qui êtes-vous ? » Elle répond que je l'intrigue car le combat en pleine rue puis mon double magique ne sont pas du ressort d'un individu quelconque. Je l'invite à prendre un verre dans un bar de l'autre côté de la rue, en face de la péniche. Deux amis, Vitek et Cléo nous rejoignent alors. A cet instant je vais aux toilettes pour m'assurer d'un sérieux doute. Je ressens que cette femme est une ar-kaïm. Son coeur est complexe car il possède 7 Ka sauf celui de Terre bien qu'elle semble posséder au moins un talent associé à cet élément. Son Ka dominant est l'orichalque ; elle appartient donc à la maison du Verseau. J'espère qu'elle est du premier décan car les autres verseaux sont des êtres frustrés et haineux. Hélénayah est-elle une nouvelle alliée ou l'instrument de la vengeance d'un ennemi ?

Alors que je les retrouve à table, une puissante explosion provient de notre péniche. Nous nous dirigeons vers celle-ci et voyons débarquer d'un hors-bord des hommes armées jusqu'aux dents. Je devrais plus souvent consulter mon horoscope afin de savoir à quoi m'attendre.
Chacun de son côté tente de maîtriser l'ennemi selon les talents que dame-nature lui a fournit.
L'arc sacré me permet d'en tuer deux non sans satisfaction par ailleurs. Depuis la disparition de ma femme, enceinte qui plus est, je n'éprouve plus de pitié pour ces tueurs et cela ne me choque plus. Ils sont sans doute aller trop loin dans leur projet destiné à me faire plier. L'un des hommes est assommé et nous décidons de l'emmener avec nous chez Artemus. Hélénayah n'est plus ici et ne semble avoir pris part au combat. Vitek se charge de faire parler notre captif mais il ne nous apprend rien. Les onirims se chargent donc de lire dans son esprit comme dans un livre ouvert. Malheureusement il ne sait réellement rien sur la hiérarchie de celui qui l'a employé et n'a fait qu'exécuter des ordres.
La présence d'Artemus évite que nous le torturions ; je me manque de sa vie mais pas de ce qu'il pourrait savoir, même si je ne laissait rien transparaître sur l'instant. Je préférais plutôt sortir dans la rue pour tenter de localiser cette immortelle qui suscite en moi une grande curiosité. Je restai dormir à l'étage pour repartir dans la matinée avec Vitek en direction de Montparnasse. Artemus pense que des forces inquiétantes s'y trouvent et que nous devrions « y jeter un oeil ». Cléo est au théâtre pour la journée afin de répéter son spectacle. Arrivée au pied de la tour, Hélénayah, qui nous a retrouvée, me tend une lettre qui lui a été confiée par un homme mystérieux qui l'attendait chez elle hier soir. Au terme de ce qui me sembla n'être qu'un instant, Vitek saisit l'enveloppe de mes mains, l'ouvra puis s'éloigna de nous...Sans doute a-t-il usé de magie pour en savoir plus. Cependant il ne nous dit rien au sujet de cette carte comme s'il souhaitait cacher quelque information. Je n'aime pas cela et lui fait remarquer que nous avons intérêt à travailler ensemble. Il se comporte comme s'il pensait régler cette affaire seul. Nous retournons pour midi voir Cléo quand leur metteur en scène annonce une pause. Vitek lui remet la carte trouvée, celle d'un roi de coeur.


Cléo m'apprend qu'au théâtre où elle va bientôt se produire, elle fut surprise de remarquer une carte de roi de carreau parmi les produits de nettoyage. D'après elle, le Denier en serait responsable. Si les soupçons de Cléo se révélaient fondés, nos vies seraient menacées par deux arcanes puissants qui auraient décidé de s'associer le temps d'une mission punitive sur notre groupe. Heureusement ce n'est qu'une hypothèse mais leurs millénaires et mon honorable siècle d'existence nous ont apporté tant d'évènements et de rebondissements que tout nous paraît possible. C'est juste d'une probabilité assez faible. Lucidité et méfiance, telles sont les éléments de notre survie en terrain miné. Nous décidons de manger ensemble à la terrasse d'un petit café-restaurant avant de nous séparer, Cléo à sa répétition et Vitek, Hélénayah et moi à Montparnasse. Vitek s'absente un instant sans doute aux toilettes. Ceci serait resté parfaitement anodin si près de 15 minutes plus tard, je découvrais que Vitek n'était plus aux toilettes. Lui est-il arrivé malheur ou continue-t-il à suivre son projet secret comme ce matin? Nous partîmes précipitamment avec un sandwich en main vers Montparnasse et Cléo nous souhaita bonne chance...

Nous sortons du RER pour nous retrouver non loin du pied de la tour. Soudain c'est une prodigieuse explosion qui nous projette au sol. Des débris coupants ont entaillées les parties non protégées par mon gilet pare-balle. Quand nous nous relevons, nous apercevons des cris de toute part et des corps venir s'écraser sur le macadam. Les secours arrivent rapidement et empêchent de s'approcher de la zone sinistrée. La chaleur dégagée est telle que cette torche est un splendide nexus de feu. Plus tard j'apprendrai qu'un monde parallèle, un akhasha était présent mais qu'il s'est vite refermé.
Vitek revient vers nous et nous apprendra, au retour chez Artemus, qu'il rencontra au dernier étage quelqu'un déçu par la seule présence de Vitek. La tour explosa peu de temps après.
Nos ennemis sont puissants, motivés, joueurs et se moquent de la vie humaine.

Vitek finit par nous dévoiler qu'il possède la carte manquante, celle du roi de trèfle.

Ainsi nous ne savons rien de nos ennemis, sauf les maigres indices qu'ils ont souhaités nous communiquer : Le rois de coeur et de trèfle sont barbus contrairement aux rois de carreau et de pique. Il y aurait donc deux hommes et deux femmes.
Cléo, une fois en possession des cartes, les prêtent à l'une de ses créatures de Kabbale dans l'espoir qu'il puisse nous apprendre quelques informations utiles et fiables.

Moins d'une heure avant l'entrée des spectateurs, Cléo reçoit des nouvelles du jeu de carte enchanté. Chaque roi est un immortel. Le roi de coeur est un onirim du serpent, de lune ou lune noire, spécialiste des drogues et poisons. Le roi de trèfle est un ar-kaïm du serpentaire, spécialiste de l'étranglement. Le roi de carreau serait une ar-kaïm du signe des gémeaux, spécialiste de la torture et des poisons. Le roi de pique, enfin, est spécialiste des explosions sans que l'on ait d'autres informations à son sujet.

Durant le reste de l'après-midi, je pris en charge la surveillance de la salle de spectacle. Le système de sécurité comportait de nombreuses failles. Il fallait tenter d'éviter la catastrophe car nous nous attendions tous à une attaque massive lors de cette représentation.

Je m'aperçus dans l'après-midi que des places avaient été réservés aux noms de Cléo, Hélénayah, Vitek et Yvan. Décidément nos ennemis sont particulièrement joueurs et tentent de nous déstabiliser par tous les moyens. Je retirai évidemment dans ma rage ces 4 affichettes à nos noms. J'espérai qu'ils puissent lire mes pensées à cet instant car ils n'auraient pas été déçus d'un sondage psychique.
Cléo posta deux de ses créatures invisibles à l'étage sur deux balcons différents. Vitek décida de patrouiller à l'étage et je me positionnai en haut de l'un des escaliers près d'un homme de la sécurité. Hélénayah se positionna au niveau de l'autre escalier.

A l'ouverture des portes, je jetai « piste magique » et « insaisissable » et regardai le flot de spectateur se déverser en direction de la scène ou vers les balcons. Quelle surprise de dénombrer pas moins de 80 autres immortels dans un seul lieu ? Je gardais un regard pointilleux et soupçonneux sur cette déferlante ésotérique et je tenais un compte précis de ceux qui montaient à l'étage par l'escalier que je surveillais. De nombreux humains possédaient un Ka-soleil anormalement développés. J'imaginais le stress supplémentaire de Cléo si elle remarquait cela. Je me demandais si quelqu'un avait invité tout ce beau monde.

Durant le spectacle je restais à ma position afin d'avoir des renseignements des autres vigiles. Je voyais régulièrement Vitek passer devant moi et poursuivre son parcours en boucle. Tout semblait bien se passer mais le spectacle était encore long.
Bien que concentré sur ma surveillance, je me rendis compte que Vitek aurait dû passer devant moi mais il n'en était rien. Je décidai alors d'avertir le vigile auprès de moi de redoubler de vigilance pendant que je ferais le tour de l'étage.
Quelques mètres plus loin, je m'aperçus que le décor autour de moi se modifia et que la lumière s'estompa tellement que je me sentis enveloppé par une nuit au ciel voilé de gros nuages. Devant moi une silhouette s'approchait, elle portait dans sa main droite une longue épée du métal maudit. Son armure était d'un noir profond. Ses intentions à mon égard était claires. Il se dédoubla à l'infini, si bien que je me retrouvai entouré d'une légion prête au combat. J'espérais évidemment que ces silhouettes ne fussent que des illusions et que seul l'original pourrait me blesser. Je n'eus que peu de temps pour y penser et le temps de l'action était venu. Je craignais ce combat car une faiblesse de ma part ou une supériorité de mon adversaire... Qu'en est-il de mes compagnons de mésaventure ?

J'attaquai le premier au corps à corps et je touchai violemment trois silhouettes. Deux autres coups furent parés par mes adversaires. Les épées d'orichalque se précipitèrent sur moi mais je parvenais à les éviter d'une grâce et d'une rapidité stupéfiante. Je portai à nouveau mes poings et mes jambes sur mes adversaires. Trois attaques furent parées mais deux d'entres elles d'une précision inouïe dissipèrent mes adversaires et le monde d'ombre dans lequel je fus entraîné. Aucune trace de combat autour de moi, tout semblait silencieux, le spectacle se poursuivait normalement. Je terminais le tour et vérifiais les balcons. Rien à signaler d'inhabituel. Vitek était-il aussi au prise d'ennemis dans un monde parallèle ?

La fin de mon combat coïncida avec la fin de la première moitié du spectacle. Je retrouvai Hélénayah à son poste et Cléo dans sa loge. La dame des Verseaux communique à Cléo que nous allions la rejoindre pour parler des incidents et de la disparition inquiétante de Vitek.
Vitek fut retrouvé allongé dans une voiture garée devant le théâtre, une substance le rendait aussi inoffensif qu'un agneau. Pourquoi l'agneau n'avait-il pas été sacrifié ? Est-ce par manque de temps ? Cela me paraît peu probable. Est-ce pour faire une démonstration de force et d'assurance de leur supériorité ?
Nous réveillons Vitek et il reprend peu à peu ses esprits et le contrôle de son corps. Nous l'aidons à marcher et revenons à l'étage que je surveillais. Il était évident que rester groupé nous laisserait plus de chances.
Lors d'une patrouille, des bruits de combat provinrent d'un des balcons. Nous nous précipitâmes sur place. Le gardien de Cléo n'y était plus car sa présence devrait perturber les champs magiques et du sang maculait la moquette rouge du balcon. Notre adversaire n'était pas visible et il ne marquait pas les champs magiques de sa présence. Heureusement Vitek parvint à nous le révéler précisément. Un contour humanoïde pris forme, il était penché au bord du balcon situé au dessus de la scène et nous attaqua. Je ressentis une très vive douleur à l'abdomen. Compte tenu de mon gilet par-balle, je constatais que mon adversaire était d'une redoutable efficacité. Je répondis en martelant la créature de coup. Celle-ci s'effondra lorsque Vitek la rendit inconsciente. J'activai « régénération » car ma blessure continuait de me faire souffrir.
Devant nous, une femme de grande taille apparut. Ses nattes comportaient des lames recourbées. Elles les déployait autour d'elle avec une froide détermination. De crainte que l'ennemi inconscient ne se réveille au plus mauvais moment je décidai de l'achever.
Après une brève altercation, la femme disparut également.

Sur scène, une artiste fut grièvement blessée par une balle que Cléo évita. Un assassin s'enfuit et Cléo se lança à sa poursuite. L'émoi envahit la salle de spectacle mais sans mouvement de panique.

Une fois les spectateurs évacués de la salle, nous constatâment que la carte du roi de trèfle avait changé d'apparence et que le dessin ricanait encore. Nulle doute que le message était clair et qu'un nouvel assassin avait déjà remplacé l'ancien.
La voiture où Vitek fut retrouvé était encore à sa place et la boîte à gant nous révéla une carte d'invitation tamponnée d'une fleur et des lettres majuscules suivantes : I.R.I.S. Sur l'autre face une liste de nos noms. Celui de Rory est rayé et ceux de Cléo et Vite sont entourés.
Celui d'Hélénayah est présent comme celui de Kroenen.