Les jeux de rôles, tout comme la littérature, les bandes dessinées, les séries télévisées ou bien encore les jeux vidéos, n'ont pas échappé à cette vague – parfois purement mercantile - qui est l'adaptation par le septième art. Nous avons remonté nos manches jusqu'aux épaules et nous avons décidé de faire un panorama des jeux de rôles adaptés au cinéma, mais aussi les films qui ont pour thème le jeu de rôle ou simplement lui consacrent un passage.

Souvenez vous de la partie de jeu de rôle dans le film « E.T. » de Steven Spielberg ou encore le sujet du film « Das Experiment » dans lequel des personnes « jouent » aux prisonniers et aux surveillants. Une petite mise en garde, quand nous parlons jeu de rôle, nous n'incluront pas les muder-party, ni les jeux de rôles de masse sur ordinateur ou M.M.O.R.P.G..

C'est parti, on commence gentiment avec les jeux de rôles d'Heroïc Fantasy.

A- Papa, dessine moi un (beau) dragon.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, le premier film incluant une partie de jeu de rôle daterait de 1982. Il s'agit de « E.T. L'extra-terrestre », du réalisateur Steven Spielberg. La scène se révèle être plutôt un clin d’œil et n'a pas de vrai intérêt scénaristique mais elle présente globalement bien l'ambiance d'une partie de jeux de rôle. Les acteurs sont autours d'une table sur laquelle on reconnait aisément un décors de donjon. Les personnages ont des blocs de papier à côté d'eux. Cependant, l'ambiance générale est plus au « je m'en foutisme » qu'à l'animation d'une partie entre passionnés. La suite tout le monde la connait, le jeune Elliot va chercher son étron E.T. dehors.

Ce qui est amusant c'est que finalement le premier film à parler réellement de jeux de rôles et en particulier « Donjons et Dragons », dans le sens où il s'agit du point principal du scenario, n'en fit pas l'éloge mais une virulente critique, par ailleurs infondée.

Habillement intitulé « Mazes and Monsters », ce film est l'adaptation du roman de Rona Jaffe, consacré à l'affaire James Dallas Egbert III.

Nous en avions déjà parlé dans l'article consacré à Donjons et Dragons (Fan de Fantasy n°), nous vous laissons vous y référer pour obtenir davantage d'informations sur cette triste histoire.

Serait-ce pour contrecarrer la future B.A.D.D. (Bothered against Dungeons and Dragons) que le dessin animé « Dungeons and Dragons » a été produit ? Intitulée chez nous « Le sourire du dragon », la série animée débarque sur le petit écran américain le 17 septembre 1983. Il faudra attendre janvier 1987 pour la voir en France. Ce dessin animé dont les scénari ont été co-écrit avec l'un des fondateurs du jeu de rôle « Donjons et Dragons », Gary Gygax, était surtout destiné aux plus jeunes. L'histoire était digne des nombreux modules de scénarios (R2-L2-F2...) sortis à l'époque, comprenez par là qu'elle ne valait pas grand chose en soi. Des adolescents se trouvaient projetés dans le monde de Donjons et Dragons et « aidés du vieux maitre qui connait les secrets » (dixit Dorothée dans le générique de début) ils chercheront un moyen de vaincre le méchant récurrent, Vengeur afin de retourner chez eux. Ce sont tout de même 27 épisodes découpés en 3 saisons qui ont été produits par Toei Animation et Marvel production. Hélas, la série ne propose pas de fin, bien qu'on apprenne tout de même que « le vieux maitre » est le père de Vengeur. Un jeu de société est même sorti, fermant la boucle « artistique ». Pourquoi le nom de « Sourire du dragon » ? Tout bonnement pour induire en erreur les jeunes spectateurs qui pensaient regarder la suite d'un film d'animation intitulé « Le vol des dragons », découpé en plusieurs parties lors de sa diffusion télévisuelle.

En 1983, sortait en salle « Krull » qui portait comme premier nom « Dungeons&Dragons ». Le projet initial avait peut-être un (lointain) lien avec le jeu de rôle mais le résultat final fit changer le nom du film. Le pitch est simple :un jeune prince doit vaincre le monstre dans sa citadelle grâce à son boomerang magique en forme de svastika et délivrer sa copine au passage. Une très belle musique pour un nanar de première. Passons directement au navet suivant qui cette fois malheureusement porte (et revendique) le nom de « Donjons et Dragons ».

En l'an de grâce 2000, sortait ce film, long de ses 107 minutes. Le réalisateur Courtney Solomon avait acquis les droits d'adaptations cinématographique de la licence à l'âge de 19 ans mais ne put obtenir le financement pour l'adapter que 10 ans plus tard. En théorie, sans m'avancer, il aurait largement eu le temps pour faire un bon scénario. À l'écoute du commentaire audio de Courtney Solomon présent sur le DVD, on sent que le pauvre bougre croyait à son projet et espérait en faire quelque chose mais il du s'incliner devant la dure loi des co-producteurs, et il en résultat un pur navet. Avouons tout de même que le nom du sorcier « Profion » et celui de l'impératrice « Savina » (pour un peu on a échappé à Savanah qui est le nom d'une actrice pornographique américaine) sont tout bonnement ridicules. On ne parlera pas des effets spéciaux dignes de la série télévisée « Hercule » de Sam Raimi, ni de l'acting digne d'un épisode de « Thierry la fronde ». Bref, tout ça fait beaucoup de choses, et toutes ne sont pas imputables à la restriction budgétaire. Cela dit, on ne fait pas une armée de dragons si on a pas de pognon. Il faut rester modeste. L'histoire est aussi simple qu'un épisode du dessin animé éponyme. L'Empire Izmer est dirigé par Savina, impératrice possédant une super relique pouvant contrôler les dragons d'or (rien que ça...Mais que fait Bahamut?). Elle cherche en outre à restaurer une équité sociale entre les mages et le commun des mortels – comprenez par là les hommes du peuple. Mais cela, les magots ne le digèrent pas. On peut les comprendre, car il suffit d'avoir joué un magicien dans les anciennes éditions de D&D pour savoir qu'il en faut, des points d'expérience, pour monter un niveau! Bref, Profion, qui est un grand mage à défaut d'avoir un grand nom, un peu moins con que les autres, se frotte les mains. En effet, notre brave homme veut mettre la main sur un bâton(net) équivalent à celui de l'impératrice pour renverser l'empire. Un empire un peu pourri puisque sa seule force réside dans le bâtonnet et une poignée de jeteurs de sort. Bref, Profion profite de l'acte social altruiste de l'impératrice pour lever les magiciens contre l'empire et chercher le super objet magique. Mais heureusement que serait un tel scénar sans voleur au grand coeur? Et bien vous en avez deux pour le prix d'un cerveau: Snails et Ridley. Ceux-ci vont tâcher de mettre la main sur le bout de bois avant le sorcier Profion, dont son niveau de magie reste indéterminé puisque ses boules de feu ne se classent dans aucun livre des règles de Donjons et Dragons... Et un nanar de plus à voir entre deux parties de jeux de rôles, juste pour se rappeler des histoires qu'il ne faut pas écrire.

N'oublions pas non plus l'incursion du jeu de rôle dans le troisième film de la prolifique franchise « Nightmare on Elm Street ». En 1987 sortait « Freddy 3: les griffes du cauchemar » ou en version originale « A Nightamre on Elm Street : Dream Warriors ». Dans ce film, dont l'action se situe dans un hopital psychiatrique, un des patients, nommé Will, cloué sur une chaise roulante, est fan d'un personnage « Wizard Master » tiré d'un jeu de rôle/plateau. À noter que, pour le profane, il semblerait que les jeux de rôles se résument à des dragons, des épées et des boules de feu. Dommage que les scénaristes n'y aient manifestement jamais joué, pour en avoir une idée aussi restrictive. Pour certains ça aurait peut-être pu être utile en leur apprenant à construire des histoires originales...

Un concept intéressant sort en 2003 avec le film d'animation interactif « The Scourge of Worlds, A Dungeons & Dragons adventure » qui s'inscrit dans la lignée des « livres dont vous êtes le héros ».

Entièrement en 3D, il permet au(x) spectateur(s) de suivre l'aventure d'un groupe d'aventuriers envoyé par le temple Pelor pour ramener Barathion, un prêtre de Pelor, afin qu'il s'explique sur certains évènements qui ont eu lieu. Suivant vos choix, l'aventure sera modifiée. Il y a en tout 10 fins possibles, ce qui pour l'époque, et même maintenant, est plus que raisonnable.

Malgré le bide retentissant du premier film « Donjons et Dragons », une suite est produite en 2005, par le même réalisateur. Mais un autre personnag s'y colle pour lui donner vie, le directeur de la photographie des films Hellraiser 3, Hellraiser Bloodline, Necronomicon..., Gerry Lively. Revenons sur l'histoire. L'acolyte du sorcier Profion du premier opus, Damodar, récupère le globe noir lui permettant de contrôler les 4 éléments et décide d'invoquer un dragon noir – oui vous avez bien lu – pour décimer l'empire d'Ismir. Pour éviter cela, on envoie 5 guerriers pour récupérer le globe avant le réveil du dragon (qui sur l'affiche du film est éveillé). Toujours aussi mauvais. Mais, budget oblige, le film a au moins vu ses prétentions à la baisse.

Un film d'animation basé sur la franchise Dragonlance, et plus particulièrement le roman « Dragonlance: crépuscule dragons d'automne » est produit en 2008. Aucune surprise malheureusement, l'adaptation est loin d'être réussie et ne retranscrit pas l'ambiance des romans.

Nous avons volontairement cité que les films qui sont des inspirations directes des jeux de rôles d'Héroïc Fantasy. La trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux est avant tout l'adaptation du roman, et non des jeux de rôles développés autour de la littérature de Tolkien.

À ce jour, aucune nouvelle adaptation d'un jeu de rôle d'héroïc fantasy n'est prévue, que ce soit à la télévision ou au cinéma.

B- Bon, ok pas de dragon mais un grand ancien?

Nous arrivons à un problème épineux. On a beau réfléchir mais des centaines de jeux qui existent et ont du succès, seul le jeu de rôle « Donjons et Dragons » a connu des adaptations directes. « L'appel de Ch'tullu » ou le récent « Ch'tullu » sont adapté des romans de Lovecraft. De ce fait, des films comme « la malédiction d'Arkam » sont avant tout l'adaptation des romans de l'auteur et non du jeu de rôle (surtout que celui-ci est sorti après le film). C'est bien dommage car le mythe de Ch'tullu ou des grands anciens en général a été adapté avec beaucoup plus de brio que celui des Donjons et des Dragons. Citons tout de même quelques grands films à voir pour ceux qui jouent à ces célèbres jeux de rôles d'épouvante.

« L'antre de la folie » (« In the Mouth of Madness »-1994) et « le prince des ténèbres »(1987) de John Crapenter traitent avec talent de la venue d'entité(s) d'un autre monde. « La malédiction d'Arkham » (1963) de Roger Corman reprend la trame du court roman « l'affairer Dexter Ward » de H.P.Lovecraft. Bien que victime des défauts suivants : ..., on peut tout de même citer, toujours d'après une oeuvre de Lovecraft, « Dagon » (2001) de Stuart Gordon qui a d'ailleurs adapté aussi « Herbert West : réanimateur », du même auteur. Toujours d'après Lovecraft, il y a bien sûr « The Dunwich Horror » adapté par deux fois en 1970 (« Horreur à Volonté ») et en 2009 (inédit chez nous).

Rassurez-vous ! Il n'y a pas que des monstres des profondeurs dans la vie, même si on n'est pas gâtés dans les adaptations de jeux de rôle contemporain horrifique. Un seul film prend une inspiration non avouée d'un jeu de rôle, c'est bien sûre la franchise « Underworld ». Une Carmilla, des vampires en lutte contre les loups-garou et entre eux, la notion de clans...Cela fait beaucoup de ressemblance avec le jeu de rôle Vampire:La Mascarade. À ce sujet il faut noter que le jeu de rôle Vampire:La Mascarade a connu une adaptation officielle sous forme de série télévisuelle et cela « grâce » à Aaaron Spelling!

Hé oui, le papa de « Beverly hills 90210 », « Melrose place » entre autre, a produit cette série en 1996, qui malheureusement n'a fait que 8 épisodes puisque l'acteur principal est mort dans un accident de moto. Intitulé « Kindred:The Embraced » ou encore, « Kindred: le clan des maudits » en France, la série était basée autant sur les romans des clans vampiriques eux-même adaptés du jeu de rôle.

C'est ainsi que s'achève notre paragraphe sur le thème jeux de rôles autres que Donjons et Dragons adaptés en film. Mais restez assis puisque nous allons parler des films ayant pour thématique le concept du jeu de rôle, abordé de près ou de loin.

C- Faut-il une table pour jouer au jeux de rôles?

Comme le témoigne le récent « Shutter Island » de Martin Scorcese (ah, que l'on est loin des inepties d'un « Maze and Monsters »...), pas mal de films traitent du thème du jeu de rôle de façon plus ou moins évidente. John Woo avec « Volte-face » nous raconte un échange d'identité (et de visage !) entre un flic et un malfrat pour une course poursuite effrénée. Vous allez probablement répliquer que dans ce cas la plus célèbre équipe de rôlistes est celle de Peter Graves, le monsieur James « Jim » Phelps de « Mission impossible ». Chacun joue des rôles pour réussir la mission, n'est-ce pas l'essence même du jeu de rôle ? Quel différence entre un flic infiltré dans un milieu maffieux et un joueur qui joue un vampire dans un clan de loup-garous ? Chacun, à un moment de nos vies, avons du mettre des masques pour se protéger ou atteindre notre but, et on se doute que les grands acteurs de théâtre doivent être de formidables joueurs. Fantomas, Arsène Lupin et Sherlock Holmes auraient été de redoutables joueurs pour les meneurs de jeu.

Mais nous nous égarons... Reprenons-nous et il est temps de terminer notre dossier cinématographique.

En 1999 sort le long métrage espagnol « Nadie conoce a nadie » traduit par « Jeux de rôles ». Un écrivain, Simón Cárdenas, se voit contraint de participer à un jeu de rôle criminel afin d'éviter une catastrophe lors des manifestations religieuses à Séville. Pas de dés, mais de vrais flingues pour un thriller un peu trop conventionnel mais qui reste sympathique.

« Das experiment » ou « l'expérience » sort en 2001 et c'est une bombe cinématographique. Adapté du roman de Mario Giordano, lequel est inspiré d'une réelle expérience, le film met en abyme l'âme de l'être humain et nous jette à la figure que n'importe qui, avec un peu de pouvoir, peut dégénérer en un dangereux psychopathe. L'histoire est celle du professeur Thon (ça sonne mieux en allemand) qui désire étudier le comportement humain. Pour cela, il enferme 20 volontaires dans une prison. 12 joueront les prisonniers et les 8 autres des gardiens. Les règles étant les même que dans une prison, la situation va progressivement échapper à tout contrôle et le but des participants deviendra la survie. Un très grand film qui se doit d'être vu, ne serait ce que pour sa culture personnelle. Un remake américain sort directement en DVD/blu ray en fin 2010 avec Forrest Whitaker et Adrian Brody. Finalement, l'amalgame est vite fait entre le jeu de rôle et la réalité virtuelle ( ? comprends pas cette phrase, et son rapport avec le film).

En prenant au mot le titre de cet article, très peu de jeu de rôles ont été adaptés avec succès. Cela vient peut-être du fait qu'un des éléments essentiels du jeu de rôle est justement l'imagination des joueurs. Bien au delà des effets spéciaux qu'ils peuvent imaginer, c'est la qualité et l'intensité des histoires qui rendent les joueurs accros. Comme pour les romans, l'adaptation est souvent difficile même si un nain reste un nain. Ce qui est amusant c'est que l'inverse, l'adaptation de films en jeu de rôle, est souvent réussi. On peut pendre comme exemple James Bond ou Star Wars (même si ils ont aussi leurs défauts). Hollywood mise maintenant plus sur l'adaptation de franchises de comic-books ou de jeux video que celui de jeu de rôle. Le future film de World of Warcraft alliant les jeux vidéos et l'héroïc Fantasy risque de faire un malheur et devinez quoi ? On nous sert encore des épées et des boules de feu...