« Chainmail », « Dungeons&Dragons », « Advanced Dungeons and Dragons »... Tous ces noms font partie du passé de tout bon rôliste, ou du moins de sa culture.
Nous allons vous raconter comment un jeu créé par une bandes de potes a pu devenir un tel succès planétaire. « Dungeons and Dragons » c'est une histoire d'amour et de haine...
Toute saga a un commencement...
Toute saga a un commencement, comme nous le savons déjà grâce à Georges Lucas. Ici pas de Jedi, ni de Sith mais juste un groupe des geeks en puissance qui vont révolutionner le monde ludique. Fan de batailles épiques historique, Gary Gygax, Jeff Perren et d'autres amis se réunissaient certains soirs pour jouer à un jeu qu'ils avaient conçu: "Chainmail" ("côte de maille"). Leurs réunions avaient lieu dans une petite ville du Wisconsin nommé Lake Geneva. .
Ces batailles n'étaient pas historiques mais directement inspirés de l'oeuvre de Tolkien. En effet,, "Le Seigneur des Anneaux" avait été publié dans les années 60-70 en Amérique (justement, quel moment Gygax and co ont-ils commencé à jouer?).
Gygax et consors créèrent la société Tactical Studies Rules (
T.S.R.) et publièrent le jeu. Ils organisaient des tournois,
organisés par la communauté "The Castles and Crusades
society", qui servait de test au système de jeu.
En 1968, deux membres de la communauté voulurent pousser la simulation plus loin en donnant des buts à leurs héros et surtout en leur détaillant une personnalité. Ces deux innovateurs s'appelaient Arneson et Dave Wesley. En 1970 ou 1971 (il ne se souvient plus exactement de la date), Arneson reprit le système de Chainmail et, avec l'aide de Gary Gygax, créa le premier jeu de rôle !
"Tous les joueurs venaient pour une nuit de bataille
traditionnelle Napoléonienne, et voyaient la table sur lequel
reposait un énorme Château. Ils se demandaient où le château
pouvait se trouver en Pologne puis ils comprenaient que la campagne
était le Dongeon, profond, obscur et effrayant" se souvient
Dave Arneson.
Cette campagne s'appelait "Blackmoor" et
Gygax la fit rapidement suivre d'une autre nommée "Greyhawk".
Le système fut approuvé et en 1974, sous leur société T.S.R.,
« Dungeons and Dragons » fut édité.

Sous leur propre sociéte, Tactical Studies Rules ( T.S.R.), ils l'éditèrent en 1974. Ce fut la naissance d'un nouveau hobby.
![]() |
![]() |

L'ombre apparut sur le tableau un an après la commercialisation
de D&D, lorsque Gygax et Arneson se séparèrent. TSR, qui
appartenait désormais à Gygax, accueillit un nouveau partenaire,
Brian Blume, et continua d'exploiter le jeu sans verser de royalties
à Arneson.
Ce n'est qu'après une longue bataille juridique qui
dura jusqu'en 1979 qu'Arneson pu être payé par TSR.
Sans
Arneson, D&D n'existerait pas sous cette forme et il est
regrettable qu'il ait été occulté par la suite.
Le début de la gloire:
Pourtant, le début ne fut pas un choc commercial. Gygax avoue
qu'il a mis un an pour écouler les mille premiers exemplaires.
Les
mille suivants furent écoulés en 6 mois, et en 1979, il en vendait
7000 exemplaires par mois.
La mythique boîte blanche (cotée
aujourd'hui dans les 5000 euros) contenaient trois livrets format A5
en noir&blanc. Elle reprenait la présentation de « Chainmail ». Elle fut accompagnée par la suite de quatre livrets d'extension :
Greyhawk, Blackmoor, Eldritch Wizardry et Gods, Demigods &
Heroes.
Un des gros soucis de cette édition était qu'elle se référait
souvent aux règles de son prédécesseur « Chainmail »,
ce qui pouvait rebuter les néophytes. De plus les tables de combats
n'étaient pas claires et les règles comportaient pas mal de points
obscurs.
Heureusement, Les joueurs étaient là, avec leurs règles
maisons publiées dans des fanzines ou des magazines. On peut en
citer deux des plus populaire à l'époque : celui de Gygax and
Arneson "The Dragon Rumbles", qui devint par la suite "The
Dragon", puis pour finir "Dragon", sous la forme que
l'on connaît actuellement et "Alarums and Excursions".
D&D est le jeu
qui a sucité le plus d'analyse, de révisons, de
restructurations que n'importe quel jeu dans l'histoire du jeu de
rôle.
Deux reproches
principaux étaient faits à D&D
: il était
trop compliqué pour les jeunes joueurs, désirant
davantage se concentrer sur le côté
"rôle" (game
play) alors qu'il n'était pas assez
complet pour les joueurs expérimentés.
« Tunnel &Trolls » fut créé en 1975. C'était un
jeu plus rapide, ressemblant à un jeu de plateau du style
« Heroquest », sur un principe simple :
« ouvrir-porte-tuer-monstres-prendre-trésor ».
D'un
autre côté, des joueurs plus expérimentés créèrent l'un des
jeux les plus compliqués de l'histoire du rpg, « Chivalry and
Sorcery » en 1976. Ce jeu voulait pallier à tous les manques
de D&D. Le contexte se situait dans la France du 12ème siècle.
Hélas ensevelie sous une tonne de règles, la première version du
jeu était rigide et difficile à jouer. Néanmoins, ce jeu aura
marqué l'histoire du jeu de rôle en introduisant le terme de « Game
master ». « Chivalry&Sorcery » en est
actuellement à sa troisième édition chez Highlander Design.
Puis apparût "Empire of the Petal Throne" en 1975, conçu par un "Tolkien du rôle Playing", M. A. R. Barker.
![]() |
![]() |
![]() |
Il inventa le monde de Tekumel, aussi riche et vaste que peut l'être la Terre du Milieu. Ce jeu possédait tout ce qui faisait défaut à D&D, notamment des descriptions précises. Rien n'était fait au hasard. Pour beaucoup, il a été un modèle de genre.
D&D or AD&D?
Le problèmes des droits du jeu D&D (dont une partie
appartenait toujours à Arneson ) conduisit à créer, en 1977,
plutôt qu'une nouvelle édition, un nouveau jeu, nommé « Advanced
Dungeons & Dragons » (AD&D). AD&D et D&D se
ressemblaient sur de nombreux points, mais les deux jeux de rôles se
développèrent chacun de leur côté.
Après la
scission entre D&D et AD&D, il y eût,en 1979,
la
création d'un simple livret à couverture bleue
qui
pouvait permettre de passer à la version
"avançée"
de Dungeons&Dragons.
Mais D&D
continua son chem:in et 4 boîtes correspondant aux niveaux
auquel les personnages pouvaient jouer furent
créées :
- une rouge dite " basique" pour les niveaux 1-3
- une bleue dite "experte" pour les niveaux 4-14
- une noire pour les les niveaux 15-25
- une gold dite "immortals" pour les niveaux 26-36 permettant aux joueurs de jouer des divinités.
![]() |
Ces boîtes ont été regroupés en un seul volume, appellé "D&D rules cylopédia" en 1990.
L'univers principal de D&d nétait pas les les "Royaumes Oubliés", comme son petit frère, mais le monde de Mystara, qui fut suivit de son complément "Hollow World" ainsi que des extension "Savage land".
![]() |
![]() |
De son côté, AD&D sortit un "Manuel des Monstres", un "Deities&Demi-Gods", "Fiend folio", deuxième Manuel des Monstres, "Unearthed Arcana"...
Il est à noter
que dans la première édition du manuel des dieux
et
divinités, on pouvait choisir Crom comme divinité
!
Pour des questions de droits, toutes les divinités barbare (
Crom étant le dieu de "Conan le barbare" de Robet
Ervin Howard ) ont disparus lors des rééditions.
A ce sujet, dans D&D
et AD&D, on parle de Halflings ("petites gens" en
version française) pour les hobbits. Pourquoi? La
réponse
est une question de droit par rapport à l'oeuvre de Tolkien.
Le BADD
Tout succès entraîne la jalousie. Et une des plus grande menace qui plana sur le monde des rôlistes fut incarné par une « association à but non lucratif ».
Tout a commencé en Août1979 avec le cas de James Dallas Egbert
III (l'histoire est raconté dans ses
détails ici
en anglais). Un adolescent que son malaise social (découverte de son
homosexualité, trop forte exigence de réussite de la part de ses
parents) a conduit au suicide. Les réelles raisons de son suicide,
choquantes pour les parents, furent enterrées sous la couverture de
la « menace des jeux de rôles ».
Un film,
intitulé « Maze and monsters », avec Tom Hanks réalisé
par Steven Hilliard Stern, d'après le roman de Rona Jaffe, reprend
ce fait divers. Bien sûr l'histoire insiste lourdement sur le
prétendu « danger » de ces jeux, qui pousseraient leurs
naïfs pratiquants à oublier la réalité.
Une nouvelle
tragédie a lieu en juin 1982, un enfant, Irving « Bink »
Pulling, souffrant de dépressions chroniques et de problèmes
d'instabilité mentales, se suicide, avec le révolver chargé que sa
mère garde à la maison. Une fois de plus D&D est montré comme
une bête noire. Seulement cette fois, cela va plus loin. La mère,
Patricia Pulling, aidée de ses amis, décide de chercher le coupable
(pourquoi n'a-t-elle pas commencé par réfléchir à la pertinence
de garder une arme chargée dans sa maison, à plus forte raison à
portée de son enfant? ).
Elle accuse d'abord le professeur
de son fils de lui avoir « jeté un sort » pendant une de
leurs parties, l'obligeant à se tuer réellement. Il est curieux de
constater qu'une réalité bien connue de tous les joueurs de jeu de
rôle, à savoir « la magie, ça n'existe pas », semble
par contre échapper totalement à certains de leurs détracteurs,
notamment les plus religieux. Après avoir perdu ses procès contre
le professeur, puis contre TSR, elle crée l'association « Bothered
About Dungeons and Dragons » (BADD ce qui veut dire
littéralement « Ennuyé par Dongeons et Dragons ») et
débute une guerre ouverte conte le jeu de rôle avec des pamphlets,
des tracts, des manifestations et des interventions télévisées,
dans lesquels elle clame que D&D prône le satanisme et le
suicide.
En 1984, lors du procès du jeune Darren Molitor,
qui avait tué une jeune fille à l'occasion d'Halloween à la suite
d'une mauvaise plaisanterie, elle dénonça le jeu de rôle une
nouvelle fois. En dépit du fait que Darren fut condamné et qu'aucun
lien ne fut trouvé entre son crime et les jeux de rôles, Pulling
continua sa croisade. Le plus important dans cette affaire, c'est
qu'elle avait réussi à convaincre le jeune Darren à raconter que
jouer à D&D l'avait poussé à commettre son crime.
BADD
essaya de demander qu'un avertissement soit posé sur les jeux de
rôles. La commission, bien sûr, refusa. Pulling voulant augmenter
sa crédibilité acquis une licence de détective d'investigation
(sic) ainsi que le soutien d'un psychologue, le Dr Thomas Radecki.
Elle écrivit un livre « The Devil's Web :Who Is Stalking
Your Children For Satan? », dans lequel il est d'ailleurs
amusant de noter qu'elle révèle une piètre connaissance du monde
contre lequel elle était partie en croisade. Elle y cite notamment
le Nécronomicon (ouvrage ficitf inventé par Lovecraft dans ses
romans) comme un ouvrage réel, lu par la jeunesse, et demande que
les policiers interrogeant les jeunes leur demande explicitement si
ils avaient lu cet ouvrage. Néanmoins, le roman de Rona Jaffe
apportant également de l'eau à son moulin, le public commençait à
l'écouter.
Il était temps pour les joueurs de
contre-attaquer. Après que la BADD ait demandé à faire poser un
avertissement sur les jeux, l'association "Game
Manufacturing Association (GAMA)" fit des recherches sur la liste des personnes dont le suicide était
imputé à D&D, émise par la BADD.
Ils réussirent à prouver
qu'il n'y avait aucun lien entre leurs suicides et le jeu de rôle.
Ils engagèrent Michael Stackpole pour enquêter sur BADD et
Pulling. Les résultats de l'enquête furent relatés dans le fameux
« Pulling report » où sont expliquées les méthodes peu
orthodoxes utilisées par la BADD pour discréditer le jeu de rôle.
Ce rapport conduisit à une chute de popularité de la BADD
et à sa dissolution, lors du décès de Pulling en 1997 .
Une
commission nommée "The
Comittee for
the Advancement of RPGs (CAR-PGa)" fut formée pour
combattre la diffamation des hobbies.
D&D, AD&D, AD&D2,3.5 et consors....
Avec le départ de Arneson, et différents changements, T.S.R.
devint T.S.R. Hobbies puis T.S.R.inc.
Depuis 1974, tant
d'extensions, de règles additionnelles et de descriptions de mondes
pour AD&D avaient vu le jour qu'il fut décidé de produire une
deuxième édition (en 1989). Le changement d'édition fut romancé
dans la saga « la Trilogie des avatars ».
Certains
considèrent cette deuxième version d'AD&D comme la meilleure
version de ce jeu de rôle mythique. Elle amenait moult changements
et incorporait toutes les extensions révisées.
La puissance que
pouvaient acquérir les personnages avaient été revues à la baisse
et celle des monstres ou dieux augmentée.
Cependant la gamme
se chargea de nouveau rapidement, et il fut décidé de sortir un
nouveau Manuel des Joueurs, du Maître et des Monstres en 1995. Ce
lifting corrigeait les erreurs de l'ancienne version et apportait
quelques règles optionnelles. Mais ce n'était pas encore la
troisième édition.
Au cours de son existence T.S.R, a toujours
pensé au côté commercial du jeu de rôle. Ne voyez pas en cette
phrase une critique mais plutôt une constatation.
Avec le nombre
importants de scénarios, livres et extensions produits, cette
compagnie a su s'imposer dans le monde du jeux pendant que d'autres
compagnies disparaissaient.
Mais cette profusion conduisit à des
échec commerciaux importants qui amenèrent au rachat de TSR par
« Wizard of the Coast » ( célèbre pour son jeu de
cartes à collectionner « Magic the gathering »)
Après
avoir acheté TSR, Wizard of the coast réunit D&D et AD&D en
une seule nouvelle édition. C'était la troisième édition, devenue
par la suite D&D 3.5.
Conclusion:
Actuellement, la quatrième édition de D&D nous ramène de nouveaux aux sources avec un système un peu plus basé sur l'emploi des figurines. Gary Gygax est mort le 5 mars 2008 mais son nom perdura des générations entières comme celui d'un avant-gardiste du hobby. En tant que MD, je pense que ce jeu de rôle est un des plus complet et le plus accessibles. Souvent copié mais jamais égale.
Et pour ceux qui ont eu une mauvaise experience du jeu de rôle en générale, je leur conseil d'abord de changer de Meneur de jeu avant de jeu de rôle, on ne sait jamais...Sources:
l'excellent
magazine e-zine australlien : Places
to Go, People to Be
Le
site en Français des jeux de rôles :
http://www.roliste.com
illustrations
des livres http://lyberty.com/encyc/articles/d_and_d.html