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1 Comment diable une espèce peut-elle se modifier avec le temps?

1-1 Un exemple : le chien.

Pour comprendre les mécanismes de l'évolution, rien n'est plus simple que de regarder les animaux domestiques. Darwin avait d'ailleurs étudié les pigeons domestiques.
Le chien est aussi un bon exemple.
Lorsque les premiers chiens furent domestiqués, ils ressemblaient vraisemblablement beaucoup au loup. Si l'on regarde l'ensemble des races actuelles, par contre, il faut parfois beaucoup d'imagination pour y voir encore un semblant de loup.

Cocu!

Pensez au berger allemand... là encore ça va. Mais le Saint-Bernard, le lévrier, le chihuahua, le basset et le caniche nain? Comment toutes ces races sont-elles apparues?

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Reprenons notre premier chien domestique, ou plutôt, notre première population de chiens domestiques. Imaginez les premiers éleveurs, avec leurs premiers élevages, en famille. Les premiers élevages de chiens ont dû être relativement consanguins. Du fait de cette consanguinité, de nouveaux caractères ont été révélés chez certains chiots (nouvelles couleurs, modification de la longueur des poils etc...). En croisant entre eux des chiens choisis pour ces particularités, les premiers éleveurs ont réussi à rendre leurs caractères préférés plus fréquents. Avec le temps, ils ont réussi à les fixer, c'est à dire à avoir des chiens portant chacun les caractères désirés.

Regardons maintenant ce qui s'est passé au niveau génétique.

Chaque chien possède des gènes particuliers, qui vont déterminer la couleur de son poil, sa longueur, mais aussi la forme de son corps, de sa mâchoire, sa taille ou la longueur de ses pattes (et bien d'autres choses encore). Bien sûr certains caractères ne sont pas déterminés uniquement par les gènes. Par exemple, un chien mal nourri ne sera jamais aussi grand que s'il était bien nourri, mais c'est une autre histoire.

Dans notre population "ancestrale" de chiens, tous avaient à peu près le même aspect (en tous cas, ils y avait beaucoup moins de différences entre eux qu'entre le saint bernard et le chihuahua). Mais avaient-ils les mêmes gènes? Non. Ce n'est pas obligatoire, loin de là. Les chiens, comme tous les mammifères, sont diploïdes, c'est à dire qu'ils possèdent chacun de leurs chromosomes en deux exemplaires. Un exemplaire vient de la mère, et un autre vient du père. Ils ont ainsi chaque gène en double. Vous pouvez donc imaginer la situation : l'individu peut porter deux fois le même exemplaire de chaque gène, ou bien alors deux exemplaires différents (allèles). Dans le deuxième cas, on dit que l'individu est "hétérozygote" pour le gène considéré.
Dans de nombreux cas, l'un des allèles est "dominant" sur l'autre, c'est à dire qu'il est le seul à avoir un effet visible (voir encadré sur l'hétérozygotie).

Si nous avons des chiens portant des allèles récessifs rares, cela ne se voit pas, jusqu'à ce que par hasard, soient croisés deux individus portant le même, et que naisse un chiot homozygote pour cet allèle récessif particulier (portant deux exemplaires identiques du gène considéré). En croisant les homozygotes pour cet allèle, avec les hétérozygotes (souvent les parents ou les frères et soeurs, dont on pense qu'ils peuvent porter une copie de cet allèle récessif), on finit par obtenir de plus en plus d'individus homozygotes pour l'allèle récessif. Et le tour est joué.

Quelques milliers d'années plus tard, nous avons notre caniche nain.

Pour aller plus loin : "Peut on prévoir le résultat d'un croisement?"

Pour aller plus loin : "Les phénomènes épigénétiques et les effets maternels."

1-2 Quels sont les mécanismes en jeu dans l'exemple du chien?

Nous sommes partis d'une population apparemment aseez homogène, pour arriver à une multitude de petites populations très différentes les unes des autres.
Au niveau génétique, la population de base possédait un certain polymorphisme génétique (c'est à dire, plusieurs allèles pour chaque gène codant pour les caractères qui nous intéressent, comme la couleur ou la longueur des poils). En divisant la population intiale en petites sous-populations avec chacune ses caractères particuliers, ce polymorphisme s'est trouvé fortement réduit.
Mais si l'on décidait de mélanger toutes les races de chiens, et que l'on comptait les allèles présents, qu'observerait-on?

Ces allèles sont globalement les mêmes que dans la population ancestrale, mais dans des proportions différentes (à quelques mutations près, voir chapitre 2). Ceux qui étaient rares dans la population ancestrale sont devenus fréquents dans certaines populations actuelles (et ont peut ajouter que certains peuvent avoir disparu dans quelques populations).

C'est la conséquence de la sélection effectuée par les éleveurs.
C'est une sélection artificielle.

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