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Le livre, la Suisse et moi

Hier, la Suisse a demandé à ses électeurs de voter sur deux lois:

-L'une portant sur les semaines de vacances pour les salariés. la loi ferait passer les 4 semaines de vacances actuelles à 6 semaines. Le taux de travail hebdomadaire étant de 42 heures/semaine.

-La deuxième sur le prix unique du livre.

Avant de vous donner le résultat des votations, je vais faire un petit tour d'horizon au sujet du prix unique du livre.

Ayant été libraire, je peux sans aucun problème vous parler de ce qu'est le prix du livre en Suisse. Un sujet qui m'a toujours tenu à cœur puisqu'il influençait directement mon travail.

Lorsqu'un pays n'édite pas lui-même ses livres pour plusieurs raisons, souvent pour une question de "rentabilité", il demande à un diffuseur de distribuer ses productions et de les promouvoir. Ce travail étant rémunéré dans le prix final du livre proposé au libraire.

Un diffuseur prend une marge variable suivant le commerce, comprenez par là que la marge sera plus grande si c'est un "petit" magasin plutôt qu'une "grosse" chaîne. Avec toujours la même rengaine, "ils nous en commandent plus". J'ai constaté personnellement que le pris d'ACHAT d'un comics de la marque panini est plus cher voir le même prix que le prix de VENTE dans les boutiques françaises!

les distributeurs suisses ne sont pas nombreux: OLF, Diffulivre et Servidis. Ceux-ci se partagent la quasi totalité du catalogue français du neuvième art. Dargaud et Glénat ayant des antennes en Suisse, s'occupent eux-même de la diffusion et de la promotions de leurs livres. Si un libraire veut acheter un manga de l'éditeur Taifu, il est obligé de passer par un de ses diffuseurs. Un diffuseur qui aura systématiquement un jour de retard (au mieux) sur la sortie française.

Cartel? Non, car les diffuseurs ont trouvé une parade infaillible. Une année OLF diffusera la marque Panini puis l'autre année ce sera Diffulivre et ainsi de suite...Imaginez si vous devez commander des anciens titres, les diffuseurs n'ayant pas les mêmes entrepôts vous êtes ballotés de l'un à l'autre en espérant que le livre n'a pas fait partie des brûlés. Le plus amusant c'est que les diffuseurs appartiennent finalement au même groupe celui d'Hachette.

Donc, je reçois une facture sur laquelle est mis le "prix de vente conseillée" correspondant au prix d'achat majorée de 40 pourcent. Étant un "prix de vente conseillée" et ne sachant pas que me réserve l'avenir, le livre est étiqueté à ce prix et il est déjà trop cher! En effet, la Fnac va le proposer 20 % moins cher pour ses abonnés!

Comment la Fnac peut-elle gardée une marge bénéficiaire de 40% en le vendant 20% moins cher?

La Fnac sacrifie-t-elle son rayon librairie au prix de la fidélité?

Peut-être ou plus vraisemblablement, elle a des remises supplémentaires sur la quantité.Ce qui veut dire que si vous achetez un livre sans être adhérent vous le payez plus de 40 % de son prix d'achat.

Vous l'avez je suppose compris, les diffuseurs à part gagner du fric sur le dos des boutiques, ne font pas grand chose. On peut aussi parler de leurs agents qui viennent chez vous  avec un catalogue des nouveautés sur des pages hasardeusement imprimé pour prendre votre commande des nouveautés. Des quantités qui de toutes façons ne seront respectées que si les grandes enseignes en ont eu assez. Et oui, vous avez beau être spécialisé, ce ne sera pas à vous qu'on proposera en priorité ou en exclusivité des livres en tirage limité.

La loi du prix unique du livre soutenue par des éditeurs comme Dargaud, la FRC (principale organisme de défense des consommateurs), les auteurs et bien sûr tous les libraires était censé amener un souffle de liberté dans le pays helvétique.

Pourtant, certains ne sont pas d'accord. Migros, une chaine alimentaire, UDC, PLR, PVL et internautes du Parti pirate en tête ne semblent avoir rien compris à la loi et brandissent l'étendard de la menace du cartel.

A ce point, on peut leur expliquer que la meilleure façon d'empêcher (de continuer?) le cartel est justement en retirant du pouvoir aux distributeurs.

Autre points avancés par les détracteurs de la loi: le commerce électronique est de toutes façons moins chers.

C'est vrai. Alors il est temps de construire uniquement des agences immobilières et des banques. On peut laisser les bars aussi puisque l'état gagne pas mal avec la taxe sur la boisson et les cigarettes. Dans le prix  du livre est inclut les conseils du libraire, son salaire, la location de son magasin, l'électricité, l'eau et le prix d'achat du livre qui représente les 60% du prix. 

En conclusion, une nouvelle fois l'ignorance et la bêtise ont gagné. Les deux lois ont été refusées. La partie Suisse romande les a ratifiée mais la partie Suisse Alémanique l'a refusé. c'est une belle victoire pour Amazon....

Récemment, les employés de Payot ont accepté de travailler une heure de plus gratuitement pour éviter des licenciements. Est-ce normal ça?

Commentaires

1. Le jeudi, 30 août 2012, 09:36 par mourning

Cet article va m'être très utile ^^

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