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Parentage

Je n'ai jamais été très "bébé". J'ai des copines dont le regard s'illumine dès qu'elles voient de petits enfants, elles les suivent des yeux, interagissent volontiers avec eux, bref, les bébés, c'est leur "truc". Moi le mien c'est plutôt les bestioles. Je fantasme sur l'oiseau que l'on pourrait apprivoiser, mais je n'ai jamais fantasmé sur les bébés. Et quand j'ai été enceinte, je ne me projetais pas trop non plus. Je me demandais si, une fois le bébé là, mon instinct maternel fonctionnerait... Je sais que ce n'est pas forcément évident, certaines autres de mes amies ont pu avoir, à la naissance de leur bébé, un délai d'attachement, bien que tout se soit bien passé par la suite.

Et puis, Pamplemousse est arrivé, par une belle matinée de juin et... C'est bon, l'instinct maternel a fonctionné à merveille, je suis tombée amoureuse direct - le papa aussi! ^^ Faut dire qu'il est encore plus mignon qu'une petite perruche calopsitte... C'est bien la première fois que je vois ça!

Suivant les conseils des sages-femmes, nos instincts, nos envies et notre raison, nous avons choisi de pratiquer un parentage de type plutôt "proximal". Les principes de base s'opposent assez radicalement aux préceptes en vogue il y a quelques dizaines d'années. Cependant, ils sont assez simples, et bien qu'il partent d'observations anthropologiques ils me semblent relever d'un simple bon-sens. Voici quelques réflexions personnelles sur le sujet.

Le bébé, lien entre passé et futur

Dans la nature, il y a en gros deux types de nouveaux-nés : les nidifuges, qui sont capables de se déplacer à la naissance, comme les poulains, les poussins de poule, les canetons, et les nidicoles, qui "restent au nid", comme les poussins de pas mal d'espèces d'oiseau, les lapereaux, les chatons... À la naissance, les nidicoles ne régulent pas leur température, sont souvent nus, etc. Chez les primates, dont nous sommes, les petits sont nidicoles, mais leur "nid", c'est leur mère : attaché à son pelage par leurs réflexes d'agrippements dès la naissance, ils se promènent sur son dos jusqu'à atteindre un stade de maturité qui leur permette de se mouvoir par eux-même. 

Quand on observe le bébé humain, il est assez évident qu'il est héritier de ce schéma. Toute son attitude le crie, et pas que verbalement : réflexe d'agrippement aux mains et aux pieds, cris dès qu'il est seul... Par dessus tout, le bébé craint la solitude, et en cela il nous ramène au passé de notre espèce, à nos ancêtres préhistoriques: à cette époque, bien davantage soumise à la prédation, la maladie, dépourvue de maison avec chauffage central... Un bébé avait plus que tout besoin de la protection des adultes (pas nécessairement sa mère), pour sa sécurité, son chauffage, son alimentation. Le bébé nouveau-né, adapté aux conditions de vie de nos ancêtres, est un lien direct vers notre passé. Attirer l'attention des adultes, coûte que coûte les obliger à faire attention à lui, à le prendre avec eux et le soigner jusqu'à ce qu'il cesse ses cris insupportables était une question de vie ou de mort, tout simplement, pas un "caprice". Les cris continus sont de toutes façon trop coûteux en énergie pour un petit bébé pour que l'on puisse raisonnablement penser que, jusqu'à plusieurs mois, il soit capable de faire des "caprices". Les pleurs sont bien plus vraisemblablement un signal "honnête" les premiers mois. En conséquence, on ne peut pas "gâter" un bébé (Sources : Un autre regard sur les pleurs du nourrisson, par Gisèle GREMMO-FEGER, Pédiatre CHU Brest, Regard anthropologique et signification des pleurs du nourrisson, Laurence GIRARD, Infirmière Puéricultrice D.E.) On peut juste répondre à ses besoins ou les ignorer, avec des conséquences potentiellement graves dans le second cas, notamment liées à l'apprentissage qu'il ne peut compter sur aucune aide quand il en a besoin. Le parentage "proximal" permet, en gardant son bébé à proximité immédiate jour et nuit, de répondre à ses appels immédiatement.

Pourquoi le parentage proximal?

Le but principal du parentage proximal est de permettre à l'enfant un attachement "sécurisé" ("secure", d'après la théorie de l'attachement de Bowlby), dans lequel il a confiance dans le groupe d'adultes qui s'occupe de lui et dans lequel il se sent important, valorisé en tant que membre du groupe, puisqu'on répond immédiatement à ses appels, ses besoins. Cet attachement est un besoin fondamental, une base sur laquelle se construit la personnalité. Quelle que soit la raison de ses pleurs, on ne le laisse pas pleurer, on répond. Ça permet de donner un socle de confiance, sur lequel l'enfant pourra se reposer ensuite, notamment pour s'émanciper et bâtir des relations saines avec les autres. L'éducation viendra après, une fois cette base de confiance posée. "Le maternage/paternage rassure, l'éducation structure" (Source: Mais pourquoi les bébés pleurent-ils ? Ingrid Bayot). Ainsi, des chercheurs ont pu observer qu'à deux ans, les enfants "sécurisés" réagissaient mieux à la séparation que des enfants non "sécurisés". Après une phase de séparation de leur adulte de référence (souvent leur mère, mais pas forcément), ils retournaient plus facilement à un comportement exploratoire (source : S'attacher pour mieux se libérer, la Recherche). Ainsi, n'en déplaise à certains "psychanalystes" qui craignent que le parentage proximal empêche l'enfant de faire son chemin vers l'autonomie, l'objectif de l'attachement sécurisé, c'est au contraire de favoriser l'indépendance, acquise en confiance!

Là différence avec le mode de parentage "distal", c'est qu'on ne force pas le bébé à prendre cette indépendance, on le laisse participer au processus en prenant son rythme en compte. Il ne veut pas s'endormir seul? C'est normal, les bébés ne veulent pas être seuls, ils ne savent pas qu'ils vivent dans une maison bien chauffée avec leurs parents dans la pièce à côté : pour eux, vous pourriez aussi bien les avoir abandonnés à tout jamais à des milliers de kilomètres, au milieu de la nature (Les bébé de l'âge de pierre à l'époque de la conquête spatiale, James J McKenna. Professeur en Anthropologie, et Directeur du Département d’Anthropologie de l’Université Notre Dame (Indiana). Directeur du laboratoire de comportement de sommeil mère-enfant). Si le bébé s'endort tout seul dans sa chambre, c'est chouette, c'est une faveur qu'il nous fait. S'il ne nous la fait pas, c'est à nous de nous adapter, quand il sera prêt, il acceptera, parfois avec un peu d'aide (Source: La nuit aussi, les enfant ont besoin de nous, collectif scientifique, Faut-il apprendre aux bébés à dormir? Robert Wright et McKenna).

Par exemple, une méthode conseillée pour accompagner les bébés et les rassurer jusqu'à ce qu'ils s'endorment seuls, consiste à venir à leurs appels et les rassurer de la voix mais sans les prendre si la voix suffit. Pour ça, il faut que le bébé soit capable de reconnaître ses parents à la voix et de se calmer simplement en les entendant et les voyant, sans être pris dans les bras. Et puis on restera auprès de lui pour qu'il s'endorme, mais chaque jour d'un peu plus loin, en le laissant s'adapter. L'enfant doit déjà avoir acquis une certaine maturité. Et pour rester seul  sans en souffrir, il doit avoir compris qu'il est en sécurité même seul (cette maturité peut ne se développer qu'en plusieurs années).

Bien entendu, cette approche n'empêche nullement de laisser le bébé jouer un peu de son côté dès qu'il peut s'occuper un peu tout seul sans crainte. Jouer sur son tapis, placé sur le dos et libre d'expérimenter tous les mouvements sans entrave et sans que l'adulte cherche à le guider est excellent pour son développement moteur, son assurance et le développement de sa curiosité (voir les travaux de la pédiatre Emmi Pilker sur la motricité libre).

"Laisse-le se faire les poumons", entendent souvent les jeunes parents au sujet de leur nouveau né d'à peine quelques jours/semaines... Il serait destructeur de volontairement laisser penser un bébé qu'il est abandonné, même si effectivement, il arrête de pleurer quand il est épuisé, ou s'est résigné à être négligé (Ne laissez pas pleurer les bébés, Association Australienne pour la Santé Mentale Infantile). Un nouveau-né dont on n'écoute pas les pleurs finit peut-être par pleurer moins, rassurant ses parents, mais il demeure stressé, il a juste renoncé à le faire savoir (Pourquoi les bébés pleurent?). Tout cela à quel prix? Celui de l'apprentissage qu'il n'a pas de pouvoir sur le monde, que personne ne fait attention à lui, au final qu'il n'a pas d'importance. C'est un peu le contraire de ce que l'on souhaite lui enseigner quand on veut l'aider à bâtir sa confiance en soi...

L'avantage du parentage proximal est aussi pratique pour les parents. Quand on observe les réponses des bébés, en terme de pleurs, aux différentes pratiques culturelles, on se rend compte si l'on compare le parentage proximal au parentage "traditionnel" occidental, que plus le bébé est en contact proche avec les adultes, c'est à dire que les adultes sont en mesure de répondre immédiatement à leurs besoins, moins les pleurs durent longtemps. En fonction de la technique de parentage, on peut observer une réduction de plus de 40% de la durée des pleurs, toutes choses égales par ailleurs (source : Un autre regard sur les pleurs du nourrisson, par Gisèle GREMMO-FEGER, Pédiatre CHU Brest). Ce n'est pas négligeable pour la tranquillité générale des parents!

Les techniques de parentage proximal

L'idée principale est donc de ne pas laisser pleurer le bébé intentionnellement, répondre à ses besoins le plus rapidement possible, et pour cela, le garder proche de soi physiquement. Quelques techniques:
- allaiter (quand c'est possible et que la mère y prend plaisir), sans oublier que l'allaitement, pour bien fonctionner, doit se faire "à l'éveil" au début, pour que le bébé soit calme, frais et dispo au moment de la tétée, puis "à la demande" quand il a appris à demander (source co-naitre, source LLL).
- porter contre soi, pas seulement pour la promenade mais aussi à la maison, pour donner à l'enfant sa chaleur, lui permettre d'être rassuré par les bruits qu'il entendait avant sa naissance (battements du cœur etc),
- pratiquer le "peau à peau", surtout juste à la naissance et dans les semaines qui suivent,
- faire dormir l'enfant dans la chambre des parents (cododo ou sommeil partagé), voire dans leur lit (en respectant des consignes de sécurité strictes - sur ce point je n'ai pas réussi à me faire une opinion, les avantages et les inconvénients me semblent à peu près équivalents, (Pratiques de sommeil et mort subite du nourrisson : tour d’horizon))... L'enfant qui dort à portée de main de son adulte responsable, entend sa respiration, respire plus régulièrement, ce qui contribue à diminuer le risque de MSN et l'aide à réguler son sommeil (Les bébé de l'âge de pierre à l'époque de la conquête spatiale, James J McKenna).

Ce mode de parentage, qui était probablement celui de nos ancêtres jusqu'à il y a peu, est de plus en plus répandu chez nous semble-t-il, et est parfois décrié pour diverses raisons. La première: il empêcherait l'enfant de se séparer des adultes, et, ce qui fait très peur à certains psychanalystes, de sa mère (article du Monde). Cette crainte me semble infondée : d'une part, c'est un mode de parentage très pratiqué de part le monde, sans qu'il y ait de problèmes. Par ailleurs, si ce mode de parentage est le plus proche de celui que pratiquaient vraisemblablement nos ancêtres, pourquoi diable penser que nous n'y soyons pas adaptés? Au contraire, si c'est ce qui a été pratiqué pendant des millions d'années, il est évident que les enfants sont "programmés" pour se construire au mieux ainsi, qu'ils en ont besoin. En outre, quand on sait que justement, les enfants ainsi traités ont une attitude très saine en cas de séparation, et prennent leur indépendance aussi bien que les autres, pourquoi commencer par des mises en garde? Il est d'ailleurs intéressant que Freud lui-même ne faisait aucune recommandation particulière sur le maternage. Il ne juge pas et se contente d'observer les moeurs de ses contemporains, notamment l'allaitement jusqu'à environ 4 ans, et note que les marques de tendresse des mères sont nécessaires à la formation des adultes accomplis: aucune critique particulière. (Freud, la psychanalyse, l'allaitement et le maternage)

La seconde critique: appelé "maternage" proximal, il serait un "retour en arrière" de l'émancipation des femmes, de nouveau "esclaves de leur bébé". Je ne partage absolument pas ce point de vue. Déjà, à part l'allaitement (il n'est plus à la mode de mettre les enfants "en nourrice"), tout peut être effectué par une autre personne, le père par exemple. D'où l'idée de "parentage" et non "maternage" proximal. Dans les années 50, éloigner les bébés de leurs mères a été vu comme une libération des femmes... Mais n'aurait-on pas obtenu le même résultat en partageant le parentage avec le père, les grand-parents, la famille étendue et/ou en mettant en place des aides parentales respectant les besoins fondamentaux des bébés, c'est à dire en partageant les soins des bébés entre les adultes disponibles, plutôt qu'en condamnant les bébés à une solitude forcée à laquelle ils ne sont pas adaptés?

En outre, ces techniques peuvent aussi, à condition qu'on y prenne plaisir, faciliter la vie! Porter son bébé en écharpe de portage ou porte-bébé? Ça permet d'avoir les mains libres pour vaquer à ses occupations et de ne pas avoir à surveiller un bébé laissé seul dans une autre pièce. Allaiter? Tellement pratique! Pas besoin de préparer de biberons, ni d'en emmener quand on quitte la maison (bon, ok, la mère doit quand même rester avec son bébé ou tirer son lait). Pas de vaisselle. Que de temps gagné! Dormir avec son bébé quand on allaite? Même pas besoin de se lever la nuit, pratiquement pas besoin de se réveiller! Léo et moi ne faisons pas dormir Pamplemousse dans notre lit toute la nuit, bien qu'il soit dans notre chambre juste à côté de nous, mais il m'est déjà arrivé de m'endormir avec lui pour une grasse matinée ou au cours de la journée pour une sieste (en prenant bien garde à ce qu'il ne risque pas de tomber du lit) après une tétée, et de me réveiller à peine s'il prenait une deuxième tétée un peu après... Sommeil très réparateur!

Bien sûr, pratiquer l'une ou l'autre de ces techniques est un choix purement personnel. Il semble à l'aune des connaissances actuelles vraiment important de ne pas laisser pleurer un bébé à dessein et d'avoir un maximum de contacts physiques avec lui, surtout au début de sa vie. Il en a besoin. Cela dit, quelle que soit les méthodes de parentage employée, le plus important me semble d'y prendre plaisir. Mieux vaut, il me semble, donner un biberon avec le sourire et en faisant plein de câlineries, d'autant que rien n'empêche de le donner au nouveau-né en contact peau à peau, qu'allaiter à contre-coeur...

Allaitement

Avant l'invention du lait industriel, avant la domestication des vaches, aucun autre lait n'était disponible, pour le bébé, que le lait de la mère (ou de la nourrice). Il est donc tout à fait logique de penser que pendant des millions d'années, les bébés ont été allaités jusqu'à leur sevrage naturel, vers 2-3 ans ou même plus tard (en comparant les données biologiques humaines à ceux des autres primates, certains chercheurs avancent que l'âge "naturel" de la fin du sevrage pourrait atteindre 7 ans ("Un âge naturel pour le sevrage?" LLL). Naturellement, le début du sevrage, l'introduction d'aliment solides, peut se faire plusieurs mois ou années avant que l'enfant cesse totalement de boire du lait. Et pourquoi ne pas attendre simplement le sevrage naturel? (Allaiter un enfant d’un an et plus... Ingrid Bayot)

Partant de là, je n'arrive pas à comprendre par quel miracle nous en sommes venus à trouver que l'allaitement d'un bambin marchant était quelque-chose de choquant, ou à craindre que celui nuise à son indépendance. Lorsque l'on dit qu'on allaite, la première question que l'entourage pose, c'est "Quand est-ce que tu arrêteras?". Et ce, même si il est convaincu de la supériorité qualitative du lait maternel sur le lait en poudre. Pourtant, nombre de pédiatres s'accordent à dire que sevrer naturellement son enfant, vers 2-3 ans, ne nuit absolument pas à son développement psychique et à son autonomie, bien au contraire! ("J'élève mon enfant", Laurence Pernoud, article LLL, Jack Newman). Effectivement, en quoi donner assurance, confiance et bonheur pourrait-il être nuisible?

Il est intéressant de constater que l'on est apparemment beaucoup revenu des contraintes qui pesaient sur l'allaitement il y a seulement encore quelques années. Aucune sage-femme ne m'a parlé de la "contrainte des quatre heures", qui veut que l'on allaite un bébé au même rythme qu'on lui donnerait le biberon (quand bien même les deux laits ne sont pas digérés de la même manière, et quand bien même on ne sait pas quelle quantité prend un bébé au sein). Cette contrainte, qui semble héritée d'un temps où les professionnels de santé devaient s'occuper d'orphelins, et trouvaient donc plus pratique de les nourrir tous à la même heure (on les comprends), pouvait perturber la mise en place de l'allaitement, et causait en tous cas bien des soucis inutiles aux parents. L'allaitement "à la demande" est bien plus paisible, même s'il demande de l'investissement. Et il correspond bien mieux aux besoins du bébé et à la physiologie des seins! (Fréquence et durée des tétées, LLL)

Les bienfaits de l'allaitement, pour l'enfant (Comment le lait maternel protège les nouveaux né, Allaitement et développement des structures faciales) comme pour la mère (allaitement et santé maternelle), sont bien connus, mais la seule chose qui importe, c'est d'avoir envie d'allaiter pour le faire. Il est aussi important d'être soutenue pour surmonter les inévitables difficultés, surtout par le père, dont le rôle est crucial (Papas de bébés allaités). Personnellement, lorsque j'ai commencé à allaiter Pamplemousse, je ne savais pas si ça allait me plaire. Il s'avère que oui. Néanmoins, je n'ai pas de plan d'allaitement, je ne sais jusqu'où je voudrai/pourrai continuer. Tout ce que je sais, c'est que j'aimerais que l'on me laisse décider sans me culpabiliser, dans un sens ou dans l'autre.

Portage en écharpe

Porter son bébé contre soi peut être un grand plaisir, pour le parent comme pour le bébé. Cela répond au besoin de proximité physique du bébé (Porter son bébé LLL). Le bébé entend les battements du cœur, les bruits des divers organes, cela lui rappelle la vie in-utero. Serré dans une écharpe, ce qui laisse les mains libre au parent et lui permet de ménager son dos, il retrouve un contact qui peut aussi le rassurer par la ressemblance avec les contact de l'utérus avant la naissance. Cela permet de faire transition entre la vie in-utero et la vie ex-utero quand l'enfant est tout petit. Ensuite, c'est simplement... très pratique!

Par contre, il est important de bien choisir son matériel : une écharpe de portage commandée chez un fabriquant spécialisé, ou un porte-bébé "physiologique", aussi chez un fabriquant spécialisé. L'écharpe permet de pratiquer différents portages : sur le ventre, sur la hanche, puis sur le dos pour les bébés à partir de deux-trois mois (ça leur permet de suivre les activités de l'adulte, ce qui est une bonne stimulation cognitive). Ce qui est important, c'est que le dos de l'enfant soit soutenu dans une position arrondie, qu'il soit assis sur ses fesses et ses cuisses, et non pas sur son entre-jambe comme dans un porte-bébé "classique", et que ses genoux soient remontés à hauteur du nombril. Cette position permet de ménager le dos de l'enfant, qui peut rester longtemps dans cette position, mais aussi le dos du porteur. Il est important aussi de porter l'enfant face contre le porteur, et pas "face au monde". S'il est fatigué, ou qu'il voit quelque-chose qui le dérange ou l'effraie, il faut qu'il puisse se blottir contre le porteur, cacher ses yeux. Si il veut voir le monde, il suffit de le porter sur le dos, assez haut il pourra regarder par dessus votre épaule.

Jusqu'à quand porter? Je ne me pose pas franchement la question. Le mode d'emploi de mon écharpe précise "jusqu'à trois ans". Le portage devient de toutes façons de plus en plus fatiguant, je suppose, quand l'enfant grandit, et le bambin a également de plus en plus besoin de bouger par lui-même. À partir du moment où l'enfant acquiert son autonomie, a envie d'explorer le monde par ses propres moyens, le portage devient un moment-câlin (sans que le porteur soit obligé de s'asseoir et cesser ses activités), ou bien un moyen de transporter un enfant trop fatigué en promenade.

Congé de maternité/paternité

Le congé de maternité, en France, lorsque l'enfant est né à terme, s'achève lorsqu'il est âgé de deux mois et une semaine. À cet âge, un bébé tête encore facilement plus d'une dizaine de fois par jour, et l'allaitement n'est pas encore stabilisé. Il faut attendre trois mois en moyenne pour qu'il devienne "automatique" et que l'on puisse réduire le nombre de tétées (en les remplaçant par des biberons de lait artificiel ou tiré) sans risquer de tarir le lait complètement (dans le cas des "compléments au lait industriel) ("J'élève mon enfant", Laurence Pernoud).

Mais deux mois et demi, c'est beaucoup trop tôt! En tous cas de mon point de vue. Si j'avais été obligée de laisser Pamplemousse toute la journée à ce moment là, j'aurais été très malheureuse, le bébé est encore une toute petite chose fragile dont on n'a absolument pas envie de se séparer. Les congés parentaux d'un an, comme il se pratique dans les pays nordiques (à partager entre les deux parents), me semblent bien plus raisonnables. D'ailleurs, pour l'égalité d'accès au travail aux deux sexes, il me semble également indispensable que les  congés paternité soient de même durée que les congés de maternité. Ainsi, les employeurs ne pourraient se servir de cet argument pour dévaloriser les femmes - et les pères pourraient s'impliquer plus sereinement dans le parentage de leur nouveau-né, l'esprit libre.Car notre culture nous fais encore trop minimiser le rôle des pères (souvent par les hommes eux mêmes, qui déclarent que l'enfant n'est "intéressant" que quand il commence à parler). Heureusement, ça change, et nombreux sont les pères qui profitent de leur petit bébé avec joie et construisent avec lui un lien fort dès le début.

En conclusion, je pense que c'est une bonne chose que le parentage proximal devienne "à la mode", car plus on en parlera et plus il redeviendra culturel, plus les parents pourront se rendre compte de l'étendue des choix qui s'offrent à eux et choisir ce qui leur convient le mieux sans avoir à subir les pressions d'un entourage (et parfois d'un personnel médical) pas toujours bien informé. Et plus l'aide aux parents pourra se mettre en place.

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