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Un éléphant dans le salon de la publication scientifique

Il se passe parfois des choses incroyables. On est là, on s'imagine qu'un système est bien rôdé, même s'il n'est pas parfait, on s'imagine avoir à peu près compris comment ça marche. Et puis on découvre un éléphant dans son salon le jour où quelqu'un met le doigt dessus. On se rend compte qu'on était passé devant des centaines de fois sans le voir, et... Bon, il serait peut-être temps de préciser de quoi je parle. Il s'agit du mode de diffusion des publications scientifiques.

Bon, pour faire simple, c'est, de bout en bout, un mécanisme foireux. C'est à dire qu'on a un groupe de recherche qui est payé par l'état (nous, donc). Il fait son boulot et décide d'en publier les résultats. Pour ce faire, il soumet un article à un journal à comité de lecture scientifique, afin que la validité et la pertinence de l'étude soient décortiquées et validée (ou non, mais dans ce cas, il n'y a pas de publication) par les pairs. Pairs qui sont, donc, d'autres chercheurs eux aussi payés, pour ce faire, par l'état (encore nous). Si le travail est validé, il se retrouve dans le journal scientifique en question, et sur internet. Inutile de dire que, pour ce faire, il faut, lors de la soumission, respecter au plus près les divers formatages techniques imposés par le journal en terme de police de caractères etc.

Donc là, on se dit, en toute bonne fois "Ok, on a payé des chercheurs pour faire leur article et pour l'évaluer, maintenant, est-ce qu'on peut le lire?" Et là... Ben non. Ou alors il faut encore payer. Et cher (de l'ordre de la trentaine d'euros par article), la plupart du temps, à moins que les chercheurs n'aient été publiés dans une revue spécifiquement ouverte comme les PLOS. Sachant que pas un seul centime de ces ventes ne leur revient, et que je parle de vente d'exemplaires numériques. C'est dire combien l'abonnement au journal coûte... Lourd dans le budget d'une bibliothèque, municipale ou universitaire! Certaines, notamment aux État-Unis, sont carrément parties en guerre contre ce système et ont lancé une grande pétition intitulée "le coût du savoir".

Alors, outre les pétitions, il y a des chercheurs, heureusement, qui se battent au jour le jour contre ce système inique où ce qui appartient au public ne lui est pas accessible. Ils se battent pour qu'une clause de leur contrat d'édition leur permette de mettre leur travail en ligne sur leur site personnel par exemple ou sur des sites d'archives ouvertes, sans délai. Certains journaux aussi, comme les PLOS dont je parlais plus haut, mettent leur contenu sous licence ouverte. Il existe, ainsi, une part de moins en moins négligeable d'articles scientifiques libres et gratuits, comme tous devraient l'être.  Partant de là, quand on sait qu'il existe un Institut de l'Information Scientifique et Technique, un organisme national, donc, public, on est en droit d'espérer qu'il rende un peu au public, justement, ce qui lui appartient de droit.

Sauf que, et voilà notre éléphant... non. Même les articles par ailleurs libres et gratuits, disponibles partout sur le net, sont... vendus, au prix de 47€ pour trois photocopies. La honte. On comprend la lettre rageuse qu'un maître de conférence a fait parvenir à l'INIST et publiée sur son blog. Ben oui, à tous les niveaux, on en a "un peu marre d'être pris pour des gogos".

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