Réflexions diverses

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samedi, novembre 11 2017

Ajaï, ce.tte empêcheur.euse d'accorder en rond

Lorsque j'ai commencé à écrire les aventures d'Adjaï, je me suis rapidement heurtée à une lacune insurmontable de la langue française: l'absence de genre neutre identifiable et séparé du masculin. Pourtant, j'en aurait eu grandement besoin car mon personnage principal pouvant être homme ou femme, quel genre utiliser lorsque je parle de lui/elle en dehors d'une situation donnée?

Des lecteurs ont été dérangés par ce choix scénaristique et m'ont demandé de fixer le sexe de ce.tte narrateur.trice une bonne fois pour toute en demandant son sexe de naissance. Mais c'est niet. On ne le saura pas, on ne le saura jamais. Parce que ça n'a aucune importance.
Et c'est la que la langue française m'em... m'agace. En parlant de lui, je fixe indubitablement dans l'esprit du lecteur qu'en dépit de ses métamorphoses, c'est un homme à la base. En parlant d'elle, que c'est une femme.

Que faire, donc? Utiliser un langage épicène qui n'est pas encore généralisé et risquer de diminuer encore un lectorat déjà réduit? J'y ai pensé sérieusement, mais ai opté pour une autre solution : ne raconter que des événements dans un contexte qui permet de fixer l'image d'une femme ou d'un homme dans le cadre d'un instant, une action, sachant que cette image est transitoire. Et pour le reste... Rester dans les mots épicènes, comme dire "je suis une personne comme ceci... " au lieu de "je suis un homme, une femme comme cela... "
Je m'en suis arraché les cheveux, parfois.
Et pour les tomes suivants, il est tout à fait possible que j'aille plus loin avec un peu d'écriture inclusive, si le besoin s'en fait sentir...